Franc-Maçonnerie : Initiation, réception ?
Il y a ce que sont les rituels et les instructions aujourd'hui et cela n'a plus grand chose à voir en terme de contenu et de connaissance par rapport à ce qui existait dans les années 1750-1780 et ce vers quoi ils conduisaient. Il y eut une rupture capitale avec la Révolution française. Elle avait commencé avec l'influence des encyclopédistes qui privilégiaient l'homme social quand la maçonnerie restait ésotérique, occultiste, dans son cadre initiatoire.
On méconnaît trop souvent que la Franc-Maçonnerie est la Voie de l'Initiation pour l'Occident. Elle succéda aux sociétés de Mystères antiques comme ceux de Cybèle, d'Attis, d'Isis ou de Déméter et bien d'autres, mystères qui étaient tous religieux. Ce sont les compagnies de moines bâtisseurs qui développèrent la Maçonnerie en France puis dans toute l'Europe sous l'impulsion des Ordres de Cîteaux et de Cluny. Nos soit disant historiens ne veulent pas tenir compte du fait que la culture et les sciences techniques étaient détenus par les seuls moines. Les grands foyers de culture et d'échanges techniques en Europe se trouvaient alors dans les seuls monastères. Tout naturellement et pendant des siècles les compagnies de maçons furent composés des seuls moines. 1127 monastères furent ainsi construits dans toute l'Europe donc aussi en Irlande, Galles, Ecosse et Angleterre comprises. Les grands Ordres chevaleresques eurent aussi leurs compagnies de maçons non religieux cette fois-ci mais qui devaient respecter les usages de l'Ordre ; c'est ainsi que ceux qui travaillaient pour l'Ordre du Temple adoptèrent saint Jean l'évangéliste pour saint patron, ce qui n'était nullement le cas des autres guildes telle celle de Rotterdam qui avait sainte Barbara pour patronne. D'ailleurs tout le langage maçonnique s'avère d'origine religieuse : vénérable qui est le titre donné à un abbé chef d'une abbaye, frère, soeur, temple, pavement mosaïque, rituel, houppe qui indique le niveau hiérarchique dans l'Eglise selon le nombre de houppes que la fonction vous alloue, etc. Il en va de même pour la construction du temple de Salomon et des diverses légendes des grades. Soit l'on accepte le tout, soit on le rejette mais on ne peut pas le refuser en le conservant, c'est ce que ne manquent pourtant pas de faire pourtant des milliers de frères en France.
L'ancienne FM était ésotérique, occulte : elle le reste par la présence des symboles mais elle se trouve délayée par la prééminence sociale sinon politique actuelle que l'on rencontre dans certaines organisations. Pour celles-là, l'initiation importe peu, on ne vient pas chez elles pour cela. On se trouve donc reçu mais pas initié. Au RER, on parle aussi de réception au 1er grade mais d'initiation au 4eme. Si elle se termine au 4e degré, il faut bien qu'elle ait commencé quelque part, donc au premier degré, si l'on est cohérent, mais beaucoup de nos amis refusent les évidences. Pourtant on n'est pas plus initié au 4e qu'au 3eme, au 2e voire au 1er, c'est juste une formulation : "ceci termine votre initiation". La plupart des frères n'en sait guère plus mais l'Ordre vous indique que vous pouvez être satisfait d'être parvenu jusque-là. Il en va de même pour tous les grades de tous les rites : vous ne savez rien ? Ne désespérez guère, cette connaissance que vous cherchez vous la trouverez dans les suivants. Sauf qu'arrivé tout en haut, lorsque l'on fait le bilan de 20 ans de maçonnerie voire davantage encore, il s'avère souvent peu satisfaisant. On a pris des grades, certes, on a occupé des fonctions de dignitaires, mais au fond de soi l'on se rend compte que l'on n'était pas venu pour cela et que ce que l'on espérait découvrir reste aussi éloigné de nous qu'à cette époque.
Là se pose le vrai problème : pourquoi êtes-vous venu en FM ? Quelle est votre véritable aspiration ?
Le plus souvent, l'appel reste inconscient mais on peut distinguer ce qui se passe chez nos jeunes frères en fonction de leur réaction et de leur approche du symbolisme. C'est ce qui va faire toute la différence. J'ai ainsi rencontré en visiteur, autrefois, 2 apprentis exceptionnels qui avaient des connaissances que ne possédaient pas les hauts gradés de leur groupe. Cela n'a rien de surprenant en soi : les grands maçons d'aujourd'hui et ceux de demain ont été et sont des Apprentis doués, portés par quelque chose qui se trouve en eux qui les rend différents, plus travailleurs sur soi, plus exigeants donc forcément plus riches que les autres, ceux qui font juste ce qu'on leur demande de faire. D'ailleurs, en FM, on n'aime pas beaucoup les "purs", on ne les comprend pas, ils sont trop différents des autres. On leur préfère de très loin les ambitieux, ceux qui veulent des titres, des fonctions, des grades, ceux qui aspirent à tout en utilisant des méthodes parfois peu avouables voire anti fraternelles, en tout cas non maçonniques. C'est simplement animal, purement passionnel et cela se répète sans fin. Lorsque la populace eut à choisir , à Jérusalem, entre Jésus et Barrabas, qui retint-elle ? Elle condamna Jésus. Des maçons, qui sont de véritables initiés, choisiront toujours un maître spirituel mais les autres ?
Quel est le but de l'initiation ?
Celui de conduire au salut par la révélation, par la Connaissance, cette lumière dont beaucoup parlent mais dont ils ignorent tout et ceci va s'opérer via la voie symbolique. Le savoir s'obtient par l'enseignement, par la lecture et l'acquisition d'une ou de diverses cultures, il n'en va pas du tout ainsi pour la Connaissance qui ne s'acquière pas parce qu'on le désire mais seulement par le respect de la Loi de Conformité et c'est une tout autre affaire : celle de toute une vie. C'est surtout la voie du mérite, celle du renoncement, de l'altruisme, c'est celle où l'on se dépouille de tout ce qui ne nous est d'aucune utilité sur notre chemin. Qu'emporterons nous dans la mort ? Rien ! Alors pourquoi courir après toutes ces choses, ces grades, ces biens, ces honneurs, qui nous seront opposés à charge au moment du trépas ?
Louis-Claude de Saint-Martin disait : " on ne peut pas avoir deux maîtres, il faut choisir ". Choisir le monde matériel, pulsionnel, passionnel, avec tout ce que cela comprend d'ego, d'ambition, d'orgueil ou de vanité, de besoin de posséder du pouvoir et des biens, et dans cet ordre l'homme devient inférieur à l'animal qui lui a au moins la conscience de son espèce, ce qui n'est pas le cas de l'homme. La satisfaction de ses passions, c'est la voie du nadir, la condamnation irréversible. A l'opposé se trouve la voie céleste, la voie de la libération.
Il faut parfois beaucoup de temps pour que tout cela se décante et qu'une évolution se fasse dans sa vie : l'avancée vers la Lumière n'est pas une course ; chacun progresse à son rythme mais beaucoup n'avanceront jamais car ils ne veulent guère changer. Pourquoi le feraient-ils puisque la véritable initiation ne les intéresse pas ?
Faut-il être religieux ?
La voie symbolique va réveiller celui qui sommeillait jusque-là. Mahomet disait : " les hommes sommeillent toute leur vie, c'est lorsqu'ils meurent qu'ils se réveillent mais il est trop tard. " Les symboles, si vous faites le travail qui est attendu de vous, vont vous révéler leur réalité, leur loi, Ces accumulations d'étincelles de connaissance vont vous ouvrir au monde réel, à celui mystérieux qui nous dépasse, qui échappe aux hommes ordinaires, vous allez vous réveiller. Mieux vous allez devenir un Veilleur, un Initiateur, un guetteur de Cherchants pour les aider à mieux avancer sur leur chemin. Vous vous ferez des ennemis car on ne vous comprendra jamais mais ce que font et disent de vous les autres ne présente aucun intérêt : "les chiens aboient la caravane passe". Chacun aura la mort qu'il aura méritée. Il y a tellement d'hommes qui sont déjà morts à la Vie et qui ne s'en doutent même pas. Sur la Voie, personne ne peut rien pour personne car chacun a déjà ses épreuves à surmonter, celles qui vont nous transformer, nous épurer et la vie est si courte, si aléatoire ; elle peut finir à tout moment, un accident cardiaque, un accident vasculaire cérébral, une embolie pulmonaire, un accident surviennent si rapidement ...
Ce qui est capital reste ce que l'on fait à chaque jour de cette existence, c'est ce qui conditionnera notre futur. Les grades ne vous seront d'aucune utilité au moment du trépas.
PS : je ne me relis jamais. Merci d'excuser les fautes de frappe.