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Est-il indispensable d être chrétien ?

Je suppose : " pour entrer en franc-maçonnerie ". On vous dira que non.

Mais là se pose un sérieux problème, C'est que si vous n'êtes pas chrétien, vous allez malgré tout vous trouver obligé de travailler avec la Bible ouverte en loge au Prologue de l'évangile de saint Jean qui est religieux. C'est le cas pour le rite Français ( sauf celui dit Groussier du G.O.), le Rite Ecossais ancien et accepté, le rite Ecossais Primitif ou le rite Ecossais Rectifié, etc.

Ici se pose un problème d'honnêteté personnelle voire même de foi. Est-il acceptable de supporter un livre qui ne soit pas celui de sa religion ?

Si j'étais musulman, je ne pourrai pas accepter un livre chrétien ou juif vu que le Coran dit que "les juifs et les chrétiens sont dans l'erreur" donc leurs livres aussi. Accepter ces livres ferait de moi un musulman qui trahit le Coran donc un mauvais musulman. Si on est de religion juive, le 18e degré reste inacceptable. Si je ne suis pas Juif ou Chrétien ou quoi que ce soit d'autre, je me dois de refuser ces livres dits sacrés qui ne me correspondent pas : pour moi, ils n'ont rien de sacré. Les supporter parce que cela ne me dérange pas, pour l'instant, n'est pas une démarche acceptable. Il y aura ensuite, selon le rite qui sera le vôtre, dans la progression de sa hiérarchie, un voire plusieurs grades qui seront christiques, et là on ne peut pas tricher sans conséquence, même si certains prennent la liberté de le faire.

A titre personnel et en confidence, je refuse d'entendre tout ce qui a trait à l'ancien testament donc de travailler à des grades où l'on en parle dans le rituel, où l'on utilise des éléments qui en proviennent. Ce qui s'avère normal pour un maçon qui travaille à un rite vétéro-testamentaire comme le style Emulation ou le Standard d'Ecosse ne l'est plus du tout pour un maçon appartenant à un rite néo-testamentaire comme le RER ou le Français qui comportent d'ailleurs des anomalies lorsqu'apparaissent ici ou là des rappels de l'ancien testament qui n'ont pas leur place dans le rite.

Quand on évolue dans un milieu où la majorité des frères n'aspire qu'à prendre des grades et des fonctions , il ne faut pas s'attendre à ce qu'ils partagent votre ressenti . Et cette attitude de leur part peut se comprendre s'ils n'ont que quelques années en FM. Quand on ne sait pas où l'on va, on accepte tout, on prend tout, et je l'ai fait comme tout le monde, ou presque, pendant mes premières années de maçonnerie. Maintenant que mon horizon est limpide et que je sais ce que je dois faire, ceci ne m'intéresse plus : je n'ai d'ailleurs plus besoin depuis longtemps de tous ces grades ni des fonctions. Alors, quelle attitude devrai-je adopter ? Mes frères dignitaires me disent : " laisse tomber, prends le grade, refais le parcours, et c'est tout. On a besoin de toi " Je sais qu'on a besoin de moi et je veux bien dépanner mes frères mais Agir ainsi ferait de moi un homme sans principe et sans foi, un Tartuffe qui fait semblant et trompe son monde, un homme malhonnête, même pas sincère envers lui-même ?

Si de trop nombreux frères acceptent ce qui ne leur convient pas, je ne suis pas cela, je ne peux pas accepter de me faire le complice d'une mascarade fut-ce pour rendre service. C'est là que l'on découvre non pas les limites de la Maçonnerie qui n'impose rien par elle-même mais celles d'un système, celui de certaines structures - obédience et suprême conseil ou grand prieuré ou grand chapitre métropolitain - qui manque complètement de cohérence. Vous ne devez pas découvrir cette Lumière, celle des Initiés, même si on vous fait espérer le contraire à chaque changement de degré, vous devez obéir avant tout et surtout subir les impositions des organisations et tant pis pour vous si cela ne vous convient pas. La véritable initiation dans tout cela ? La non conformité des rituels par rapport à votre foi, à votre religion ? Ceux qui sont des dirigeants des rites n'ont jamais pensé aux problèmes de conscience religieuse, de foi réelle.

Pour élargir le recrutement, ils se sont limités à mettre en place un système de passe-passe en faisant remplacer le jour de la réception d'un nouveau frère non Chrétien la Bible ( une des grandes lumières de la FM pour les rites dits anciens ) par le livre de sa religion et le tour est joué. Ce qui reste hypocrite et fausse tout : pourquoi ne retirerait-on pas aussi le compas ou l'équerre ? Avec la Bible absente, le travail ne s'accomplit plus en présence des 3 grandes lumières obligatoires mais seulement de l'équerre et du compas qui sans la Bible perdent toute leur valeur n'étant plus désormais que de simples outils opératifs de métier. Et lors des tenues à venir, le livre sacré qui fut utilisé pour la réception d'un non-chrétien ne sera plus là, ce qui réinstaure le problème de la non conformité.

Je ne peux pas répondre pour vous à la question que vous posez, ceci relève de votre conscience. De plus, je ne sais pas quel type de Maçonnerie vous cherchez. Si vous aspirez à une une maçonnerie sociale, il faut aller au Grand orient de France, qui ne vous posera pas de problème de conscience religieuse, mais il est devenu mixte. La mixité peut-elle vous convenir ? Si oui, alors vous avez trouvé votre obédience.

PS. Certaines loges acceptent tout comme la déchristianisation du RER. Evidemment, on ne leur annonce pas les choses ainsi ; on leur dit vouloir revenir aux textes originaux, ce qui s'avère faux bien évidemment car dans la réalité le RER gêne par son caractère strictement chrétien et les vrais textes originaux sont ceux de 1778 en aucun cas ceux de La Triple Union dont les changements furent décidés ultérieurement. D'ailleurs les fondateurs du rite des provinces d'Auvergne et de Bourgogne, qui ne voulurent plus entendre parler de Willermoz (raison pour laquelle il ne voulut pas de ces opposants à Wilhemsbad où ne se trouvèrent quasiment que les Strasbourgeois de Turckheim et où Louis de Beyerlé, préfet de Nancy, cria au scandale), seraient bien surpris de voir ce que le RER est devenu avec tous ces additifs et changements qu'ils n'ont jamais connus ni pratiqués.

Cette formulation de chrétien est très hypocrite car dans la réalité les Français étaient catholiques romains, tel Willermoz. Le terme chrétien a été utilisé pour ne pas froisser les germaniques et les Suisses qui étaient protestants. Etre chrétien est ici une formulation à caractère politique, diplomatique. Quand on remplace la formulation "sainte religion chrétienne" par "le plus pur esprit du christianisme", on entre dans l'inexactitude. Le temps de ce soit disant "plus pur esprit", c'était la jalousie entre les apôtres eux-mêmes, la trahison de Judas, le triple reniement de Pierre, les diverses sectes chrétiennes qui s'opposaient les unes les autres (Celse, Marcion, Aria, etc.) et cela dura jusqu'au Ve siècle, saint Augustin lui-même ayant perdu son combat contre tous ceux qui refusaient les arrêts du Concile de Nicée. C'est à ce temps de divisions, de contestations religieuses, que certaines Instances veulent nous faire revenir ? Ou à celui du comportement exemplaire des premiers Chrétiens qui allèrent tous au martyre pour ne pas trahir leur foi ? Auquel cas, nos Instances rendraient le rituel encore plus exigeant, dans la religiosité individuelle, qu'avant puisque chaque maçon du RER devra alors emprunter cette voie du martyre quand il leur sera demandé, leur vie se trouvant en jeu, de choisir entre une autre religion qu'on leur imposerait et leur foi en Jésus Christ.

Copyright Christian GUIGUE

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